LES PRE-FAC, DE L’ESCLAVAGE MODERNE?

Après avoir passé quatorze ans sur les bancs de l'école en Haïti pour décrocher un diplôme non authentique, on espère franchir la barrière d'une université coûte que coûte pour se construire une carrière.

Fréquenter une université (publique ou privée) en Haïti est un luxe pour les moins chanceux, un défi à relever pour les élèves moyens, une fierté pour les plus studieux, et un mystère pour les plus lucides.

Pour ce faire un groupe d'étudiants le plus souvent à peine terminé avec la deuxième année universitaire s’érige en « Maître » et se donnent pour mission de canaliser les « postulants » afin de mieux appréhender les concours d'admission. D'où la « Préfac », terme définissant ce système. Un centre où la méthode utilisée est supposée assurer aux élèves l'acquisition des compétences nécessaires pour faire face à la réalité des universités Haïtiennes.

Voyons ensemble quelques faits saillants que connaissent les postulants, cloués au pilori par l'auteur et les mesures qu'il propose à adopter pour mieux atteindre la cible.

Qui a pu dire « Préfac » un pont pour mieux franchir la porte d'une université (temple du savoir) serait le même à traverser pour goûter une ambiance carcérale ?

Une pré-faculté où les postulants se traitent moins bien qu'un chien. Leurs os de connaissances se donnent par des élèves qui se font appeler « maîtres », les plus arrogants et prétentieux gravissent l’échelon de « docteur » en seulement deux années. La plupart ont surement un cours qu’ils vont probablement sécher l’année même qu’ils se font dieux.

Le prérequis pour franchir l’université, le temple même de la liberté de penser et d’expression, se fait une pratique de torture où les postulants n’ont aucun droit, pas même celui de regarder les DOC aux blancs des yeux. Ben ! C’est considéré comme l'une des plus grandes insultes. Qui se souvient de l’avant de 1804 ? Oh non ! Nous parlons de l’antiquité. Le temps où un groupe de gens ne pouvaient pas regarder les blancs aux yeux. Tu te rappelles ? Nous avons déjà cru atteindre enfin la civilisation. Peut-on bien reprocher aux noirs de faire pareil aux blancs ? Nous vous laissons dans vos propres réflexions.

Qui dit esclaves dit colons ? Sommes-nous peut être en train de retourner la monnaie ? Mais…Ben ! Le blanc l’a essayé sur nous, pourquoi ne pas faire un coup aussi ? On a nos frères là tous près de nous. Ce n’est pas si difficile. Il ne faut que se faire Maitre.

Alpha Evolu s'est leurré en apprenant la vie des postulants dans de telles conditions au plein du 21ème siècle. Les expressions « postilan se chyen », « mond inivèsite pa fèt pou nou » sont les plus convenables selon les DOC pour motiver un postulant. Ils donnent des punitions à tout moment, on dirait une révélation du régime Duvaliériste. Pourtant on peut être étonné d’un postulant qui justifie la fin de ces traitements : « La vie universitaire n’est pas facile, il faut apprendre à souffrir maintenant. » A entendre ces mots on dirait exactement l’esclave qui accepte bien son sort.

Les feuilles d’examens sont distribuées par terre. Se tenir debout sur les bancs durant un laps de temps est considéré comme un moment de répit pour les postulants.

Les préfacs encouragent la haine envers son prochain. « Depi nou wè bik yonn tonbe atè a choute’l ale byen lwen pou li pa rejwenn li ankò, pile li jiskaskew rive krazel. Malè yonn nan nou ki prete lòt bik nan ekzamen an. Ou nan batay ti gason. »

L’union sûrement est notre force en tant que peuple !

Pouvons-nous rester indifférents à ces actes odieux ? Qu'est devenu l'Haïtien après 1804 ? Serait-ce encore les plaies de l’esclavage ?

Il est ainsi temps de cesser de nourrir des préjugés. Il est temps de cesser d'embrasser les méthodes les plus outrageantes pour faire croire qu'on motive et qu'on oriente les postulants. Il est temps de se passer de l'esclavage mental.

Professeurs de Pré-facs, Maitre par excellence, Docteur de deuxième année, Fils de Dessalines et de Christophe, combattons l'esclavage quel qu’en soit sa forme ! Continuons à faire vivre le rêve de nos ancêtres qui se sont démenés afin que nous soyons libres ! Respectons-nous ! Inculquons la connaissance sans rabaisser l'autre ! Levons les yeux vers la cime de la montagne et gravissons l’ensemble !

C'EST ÇA LA FORCE DU PAYS !