L’ère du kidnapping en Haïti

Depuis tantôt plusieurs mois, à l’instar des meurtres par balles auxquels le pays fait incessamment face, le phénomène kidnapping contre rançon refait surface.

Ce fléau social lié aux enlèvements, aux agressions sexuelles et aux assassinats a pris une ampleur alarmante. Ces dernières jours, dans les rues de port au prince, partout sur les réseaux se trouvent des avis de recherche, des pleurs de parents en difficulté de répondre aux exigences des ravisseurs etc... Certaines villes de provinces ne sont pas épargnées aussi. L'enlèvement d'hommes constitue une menace non seulement pour la vie normale des gens et de leurs familles, mais également pour la société toute entière. Partout dans la capitale, la peur règne. Parents et enfants ne se sentent plus en sécurité dans leurs quartiers, dans les lieux publics, dans les rues et même dans les écoles. Peut-être que la meilleure des façons d'échapper à ce mal social est de limiter nos sortie, nos déplacement ? Or, nous sommes censés vivre dans un Etat de droit. Je me demande comment, dans une telle situation, est-t-il possible qu'un chef d'état prend parole devant sa population sans la moindre quiétude, sans essayer de mettre fin à ce fléau?

Après les atrocités des hommes politiques, voilà une menace sérieuse à laquelle la société civile doive faire face.

Des parents inquiets, peur de perdre à tout moment leurs enfants. Des élèves et étudiants qui ont peur d’aller chercher leur pain éducatif. On s’inquiète pour les moindres retards inhabituels. Partout, amis, parents, collègues, et camarades appellent à la prudence. Tout le monde s’inquiète pour tout le monde. Tout le monde a peur de tout le monde. Quelqu’un vous regarde, ça nuit. Une personne derrière vous marche à grand pas, vous sentez déjà la sueur qui beigne votre corps, vous avez envie de crier à votre secours. Quelqu’un devant vous qui ralentit ses pas, vous avez déjà envie de changer de direction. On ne se sent plus en sécurité dans les rues. Vous rencontrez quelqu’un que vous ne connaissez pas sur votre chemin, vos regards se croisent, vous paniquez ; lui aussi panique de ne pas connaitre à quoi vous pensez. Les gens qui vous voient paniquer paniquent, eux aussi, de leurs côtés. Ça devient un pays de fou. Le kidnapping est en passe de devenir une réalité quotidienne en Haïti. Ces derniers mois, ce crime abject prend des proportions dangereuses. Des chiffres effrayants sont communiqués régulièrement par les différents médias.

Cependant, de nombreuses questions restent posées sans toutefois qu’une réponse rationnelle ne soit proposée. Quelle catégorie de gens est ciblée ? Quels sont les profils des agresseurs présumés ? Comment choisissent-ils leurs proies ? Et comment faire face à un danger non identifié ? Autant de questions sans réponses. Parfois ils sont aussi chics que leurs victimes. Leurs voitures sont aussi luxueuses que celles des gens qui nous dirigent. Certaines de leurs victimes arrivent même à témoigner qu’ils ont des voitures de plaques d’immatriculation officielle, service de l’État, de voitures de Police, d’uniformes de la PNH… Qui peut les identifier ? Ils ne ressemblent à personne et ressemblent à tout le monde en même temps.

Aujourd'hui nous nous demandions quel est le rôle de la PNH au sein de notre société ? Que représente le président de la république au milieu de ce malheur ? Que devons nous faire pour parvenir à y mettre fin ? Quel genre de pays ou le kidnapping devient le sujet d'actualité pour tous et d'adaptation pour tous ?

Il est vrai que depuis les crimes commis contre Evelyne Sincère, l'assassinat de Grégory St Hillaire et de Monferrier Dorval, une certaine soulèvement de conscience semble née. De nombreuses interventions, conférences, tables rondes sont tenues pour débattre de ce nouveau phénomène qui prend de l’ampleur. Même si certains estiment que cette soulèvement de conscience est un peu tardive car ces phénomènes ne sont pas nouveaux dans notre société, d’autres pensent que «mieux vaut tard que jamais» mais le plus important restera comment y faire face et combattre cette nouvelle forme de criminalité.

Donaldson Codio