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Enfants des rues.

  • Photo du rédacteur: ALPHA EVOLU
    ALPHA EVOLU
  • 6 nov. 2020
  • 4 min de lecture

Je suis né innocent comme tout enfant au monde, n'apportant que peu de bonheur à mes parents qui ne savaient même pas comment s’occuper d’un troisième bébé. Je suis né dans une famille où j’étais clairement le surnombre, ma mère devrait partager désormais en cinq (5) sa mendicité. Mon père lui, ne faisait pas grande chose puisqu’on n’avait pas de toit fixe, on le rencontrait par hasard au coin de la rue, 4 ou 5 jours après nous avoir laissé dans une galerie quelconque, ou tout simplement au bord du trottoir. Je ne sais pas quelle erreur j’ai pu commettre, ou bien ce sont peut-être les erreurs de mes parents… Dès ma naissance, j’ai remarqué que la vie avait une dent contre moi.

J’ai galéré dans toutes ses rues qu'empruntent les gens souvent avec la tête baissée, pas pour éviter les regards ou les rayons du soleil, mais pour essayer de trouver par hasard une ou deux pièces qui me permettra d’apaiser mon estomac. J’ai aussi galéré dans les marchés publics, les bars, les restaurants…. J’ai galéré dans les fêtes où je ne suis pas invité, près des marchands de nourriture. Alors que je venais tout justement d’avoir 6 ans. J’avais assez de chair seulement pour recouvrir mes os. J’ai affronté le froid dans les rues, sans couverture, sans toit… juste nous quatre, le plus souvent blottissant les uns sur les autres. Parfois la pluie nous surprenait tard dans la nuit, les insultes à nos égards étaient monnaies courantes, personne ne voulait recevoir dans sa cour ou ses galeries une femme et ses trois enfants. Mes journées étaient horribles, mais franchement je les préférais à mes nuits. J’avais 3 pantalons déchirés ou décousus presque partout, une chemise et un maillot (si seulement vous pourriez les voir). Certaines fois, je me baladais totalement nu.

Maman commençait à faiblir, elle tombait malade de plus en plus. Pire, mes deux frères ainés commençaient à être comme mon père, on ne les voyait pas souvent et je n'avais aucune idée d’où ils allaient. Comme on dit souvent « les enfants ne suivent pas les conseils, ils suivent les exemples », leurs comportements étaient l’héritage de mon père, mais on s’en foutait. Tout le monde se débrouillait de son côté, l’important c’était de se nourrir au fil des jours, s’il y en a en excès on pensera à la famille, ce n’était pas de l’égoïsme, c’est ce que nous appelons la survie.

Encore sous sa responsabilité, j’ai passé la plus grande partie de mon temps avec ma mère, elle était forte. Malgré toute cette souffrance, elle trouvait souvent la force de sourire, mais dans la soirée, quand je n’arrivais pas à dormir, j’entendais ses sanglots, elle pleurait tout en priant, elle arrivait même de demander à Dieu de lui ôter la vie. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi elle pleurait, mais je me mettais aussi à pleurer.

Au fil des jours, j’ai essayé de créer mon propre emploi. Je nettoyais des chaussures mais on me vole la boite, j’essuyais les voitures mais l’une d’entre eux a failli me renverser…. J’ai essayé toutes les choses afin de trouver un gagne-pain.

La dernière fois que j’ai vu mes grands frères, ils étaient venus nous annoncer qu’on a retrouvé papa mort au coin de la rue, personne ne sait comment il est mort. Peut-être qu'il a été renversé par quelqu’un, ou un bandit l’a tué, ou tout simplement une conséquence de l'alcool qu’il buvait de la matinée jusqu’à la fin de la journée. Personne ne sait, la mairie s’est occupée du corps, on n’avait même pas de quoi recouvrir son cadavre. Sa mort a été un coup dur pour maman, je n’arrivais toujours pas à comprendre pourquoi elle était si triste, un père alcoolique qui l’avait abandonné sans abris avec trois garçons… c’est peut-être un amour que je ne pourrais jamais comprendre.

Les chagrins, les regrets, les souffrances, les maladies ont fini par avoir raison sur ma mère, 5 mois plus tard elle était morte. Je revenais dans l’après-midi avec quelques mangues, plus précisément 4 et je l'ai vu allonger par terre, les yeux grands ouverts, je me suis assis à côté d’elle, je lui expliquais une histoire, je ne me rappelle pas bien, mais c’était une vidéo de comédie que je venais de regarder. D'habitude elle riait à toutes mes blagues, mais ce jour-là c’était le silence total. Ces cils ne battaient pas, elle ne repoussait même pas les mouches qui lui posait dessus, je la secouais, encore et encore, j’ai crié de toutes mes forces, mais rien, elle s'en allait retrouver son créateur. On dit toujours dans notre culture que quand quelqu’un est mort avec les yeux ouverts, ça signifie qu’elle a eu des remords mais moi, j’espérais qu’elle était au moins cette fois heureuse d’être calme. À peu près 8 ans d’âges, et j'ai eu pas mal d’épreuves, mais c’était la pire leçon que la vie pourrait l'enseigne. La vie sans elle, ce sera plus pareil.

Depuis la mort de mon père, j’ai perdu mes frères de vue, je crois qu’ils ne sont même pas au courant de la mort de Maman. Mais peu importe, l’important c’est qu’ils vont bien et qu’ils ont trouvé une meilleure vie que celle que nous connaissions depuis toujours.

Je suis désormais seul dans la rue, seul à combattre la misère qui y règne, seul à combattre le vagabondage, la drogue, le vol….Un jour, vous me rencontrerez sûrement sur votre route, je serai peut-être le petit garçon qui essuiera vos chaussures ou votre voiture, peut-être celui qui vous fera la manche au bord de la route, ou bien celui que vous renverserez dans la rue, l’alcoolique qui essaiera de vous frapper, sinon dans le pire des cas, je serai celui qui essaiera de vous voler.


ANTOINE MILINX

 
 
 

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